Interprétations phénoménologiques de la 'Physique' d Aristote chez Heidegger et Pato ka

Cet ouvrage met en oeuvre une confrontation philosophique entre Heidegger et Patocka, deux figures majeures de la tradition phénoménologique, en prenant pour fil conducteur leurs interprétations respectives des concepts fondamentaux de la Physique d'Aristote.

Mais tout d'abord, le point d'accord : l'herméneutique de l'aristotélisme représente aux yeux de Heidegger et de Patocka une première entrée pensante dans l'affaire même de la pensée, où le mouvement ( ni s /mi beta ), irréductible au déplacement d'un étant dans l'espace, désigne le procès d'advenue au paraître qui sous-tend l'éclosion à l'être des choses. Aristote met au jour la différence ontologique entre l'être et l'étant, en sorte que la Physique constitue de ce point de vue pour Heidegger et Patocka le véritable Grundbuch de la philosophie occidentale.

Cependant, Heidegger et Patocka ne comprennent pas de la même manière le sens de ce mouvement ontologique au coeur de l'être (phi s ). À travers l'examen de ces différences, l'enjeu de cet ouvrage est de mettre en évidence un point de tension au sein de la phénoménologie qui n'a pas encore été suffisamment remarqué, entre d'une part l'approche heideggérienne qui soumet l'être au sens ( Gamma ), et s'expose de la sorte au risque d'un anthropocentrisme ontologique larvé. Et d'autre part, la tentative d'un réalisme phénoménologique, dont Patocka fut l'un des représentants, dans la double mesure où il brise l'identité classique de l'être et de l'intelligibilité, et où il pense l'homme comme radicalement décentré, prétendant en finir ainsi avec le sujet et tous ses avatars (c'est là le sens de la fameuse « phénoménologie asubjective ») ; réalisme radical dont on peut toutefois se demander s'il ne met pas à mal le paradigme phénoménologique de l'a priori de la corrélation entre l'apparaître et ses modes subjectifs de donnée, et s'il ne remet pas en cause ainsila possibilité même de la phénoménologie en la poussant au-delà de sa propre limite.

Brings together a philosophical confrontation between Heidegger and Patocka Is the first book to cover two competing phenomenological interpretations of Aristotle's Physics Is the only book ne to deal extensively with the opposition between Heidegger and Patocka

Auteur
Claude Vishnu Spaak, agrégé de philosophie, est docteur de l'université de Paris-Sorbonne. Il est actuellement chercheur postdoctorant à l'Université Catholique de Louvain (Belgique), et membre associé des Archives Husserl de Paris. Spécialisé dans le champ de la phénoménologie, il travaille sur le problème de la matière au sein de cette tradition.
Claude Vishnu Spaak obtained his phd at the Sorbonne (Paris) in 2014. He is a postdoctoral fellow at the Catholic University of Louvain-la-Neuve (Belgium). He is also an associate member of the Husserl Archives in Paris. Specialized in the phenomenological school of thought, he is currently working on the problem of matter within this tradition.

Texte du rabat

Cet ouvrage met en uvre une confrontation philosophique entre Heidegger et Patoka, deux figures majeures de la tradition phénoménologique, en prenant pour fil conducteur leurs interprétations respectives des concepts fondamentaux de la *Physique*d'Aristote.

Mais tout d'abord, le point d'accord : l'herméneutique de l'aristotélisme représente aux yeux de Heidegger et de Patoka une première entrée pensante dans l'affaire même de la pensée, où le mouvement (/), irréductible au déplacement d'un étant dans l'espace, désigne le procès d'advenue au paraître qui sous-tend l'éclosion à l'être des choses. Aristote met au jour la différence ontologique entre l'être et l'étant, en sorte que la Physique constitue de ce point de vue pour Heidegger et Patoka le véritable Grundbuch de la philosophie occidentale. Cependant, Heidegger et Patoka ne comprennent pas de la même manièrele sens de ce mouvement ontologique au cur de l'être (). À travers l'examen de ces différences, l'enjeu de cet ouvrage est de mettre en évidence un point de tension au sein de la phénoménologie qui n'a pas encore été suffisamment remarqué, entre d'une part l'approche heideggérienne qui soumet l'être au sens (), et s'expose de la sorte au risque d'un anthropocentrisme ontologique larvé. Et d'autre part, la tentative d'un réalisme phénoménologique, dont Patoka fut l'un des représentants, dans la double mesure où il brise l'identité classique de l'être et de l'intelligibilité, et où il pense l'homme comme radicalement décentré, prétendant en finir ainsi avec le sujet et tous ses avatars (c'est là le sens de la fameuse « phénoménologie asubjective ») ; réalisme radical dont on peut toutefois se demander s'il ne met pas à mal le paradigme phénoménologique de l'a priori de la corrélation entre l'apparaître et ses modes subjectifs de donnée, et s'il ne remet pas en cause ainsi la possibilité même de la phénoménologie en la poussant au-delà de sa propre limite.

Contenu
Partie introductive.- 1. Le problème du mouvement conçu comme détermination ontologique fondamentale.- Première partie. Du soubassement aristotélicien : matière et mouvement chez Patoka.- 2. La conquête de la perspective cosmologique dans le dialogue critique avec Heidegger.- 3. L'exigence d'une radicalisation de l'aristotélisme.- Seconde partie. Être et chez Heidegger : l'alliance avec Aristote.- 4. Le primat de la forme (/) dans l'interprétation heideggérienne de la Physique d'Aristote.- 5. Les limites de l'herméneutique de la Physique aristotélicienne chez Heidegger.