Dès qu'il ouvre sa fenêtre matinale, le poète écoutant le chant de la grive au verger sait que son ouvrage est à reprendre. À reprendre à neuf puisque celui d'hier, refroidi avant l'aurore, a refermé le livre de contes.

Chaque lendemain inaugure une voie d'aventure à l'orée des pages blanches. Les portes une à une s'entrouvrent sur les incipit, têtes de chapitre en suspens dès que l'encre en son flacon s'abandonne à l'écrivain.

« Tout l'art, bougonne Picasso, se trouve dans le commencement, après c'est déjà la fin. » Et les roses coupées, coeur à coeur, soupirant à l'eau lustrale dès le crépuscule, alors que les inscriptions du désir s'effacent au ciel irisé.

Et voici l'incipit, porteur de vérités de première nécessité, venant se poser sous la plume, comme un papillon sur l'épaule.