Apologétique 1650-1802. La nature et la grâce

Tracer le panorama de l'apologétique à l'âge classique n'est pas chose facile, tant sont multiples les perspectives philosophiques et diverses les formes littéraires. La tentation est alors grande d'aligner les monographies. Le colloque de Metz (16-18 octobre 2008), dont sont issues les contributions du présent ouvrage, a choisi d'appréhender cette diversité foisonnante et mouvante en la soumettant à une unique approche, la question du croire. Tenant de l'imaginaire et du rationnel, la foi manifeste l'ambition de réaliser la synthèse du sentiment et de la raison. La théologie pascalienne de la grâce fournit des éléments de réponse pour faire cohabiter ces deux principes, constituant le matériau dont d'innombrables apologies se nourriront pendant plus d'un siècle. De 1650 à 1802, de Pascal à Chateaubriand, en contexte catholique comme en contexte protestant, la réflexion est inlassablement reprise sur la possibilité de rendre raison de sa foi à autrui, comme le demande saint Pierre (1 P 3, 15), alors que les progrès de l'histoire, de l'exégèse biblique ou des sciences de la nature en renouvellent les conditions. Mais peu à peu le sujet s'affirme comme la preuve première : son expérience de la foi, le témoignage qu'il en rend, l'espace de parole qu'il ouvre à l'autre, pour mettre ses idées en débat et engager un possible dialogue, sont les nouveaux moyens de la persuasion et de la conversion.

Auteur

Le responsable de la publication : Nicolas Brucker est maître de conférences en littérature française des XVIII et XIX siècles à l'Université Paul Verlaine-Metz. Membre du centre de recherche « Écritures », il consacre ses travaux aux rapports entre littérature et spiritualité. Il a publié dans la même collection La conversion. Expérience spirituelle, expression littéraire (2005) et Le livre de sagesse. Supports, médiations, usages (2007).

Contenu
Contenu : Nicolas Brucker : Avant-propos Antony McKenna : Le dilemme de l'apologétique au XVIIIe siècle Charles-Éric de Saint-Germain : Grâce et liberté. Le débat de Pascal avec les molinistes et les protestants et la défense de l'augustinisme Hélène Bouchilloux : L'apologétique pascalienne : la raison comme juge Yves Meessen : La grâce suffisante qui ne suffit pas : une ironie pascalienne Hélène Michon : « Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, non des philosophes et des savants » : la distinction pascalienne à l'épreuve du temps Laurence Devillairs : La voie d'une apologétique rationaliste. De Descartes à Fénelon Ruth Whelan : Jacques Abbadie, ou le seuil politique de l'apologétique Inès Kirschleger : Les premières armes d'un apologiste : les sermons sur le Messie du pasteur Isaac Jaquelot (1692) Maria-Cristina Pitassi : Entre nécessité et utilité : le statut de la révélation dans l'apologétique de Jacob Vernet Jacques Marx : Sinisation du christianisme et théologie de l'adaptation dans l'apologétique de Giulio Aleni (1582-1649) Adrien Paschoud : L'érudition au péril de la foi. L'uvre apologétique de Jean Hardouin (s. j.) Jørn Schøsler : Le chancelier d'Aguesseau critique de Locke : sur l'enjeu des idées innées dans l'apologétique française au XVIIIe siècle Sylviane Albertan-Coppola : Le pas commun de la nature et de la grâce dans la théologie de Bergier Martine Jacques : Vertus éducatives de l'apologétique selon L.-A. Caraccioli : éclairer l'homme, entre Grâce et Lumières Stéphanie Géhanne Gavoty : Controverses clémentines : 1776-1777 Laurence Macé : Censure romaine et apologétique dans la seconde moitié du XVIIIe siècle : les enseignements du corpus voltairien Jean-Noël Pascal : La poésie lyrique au service de l'apologétique pendant la première moitié du XVIIIe siècle d'après Le Parnasse chrétien Nicolas Brucker : Noël-Antoine Pluche, entre sciences de la nature et apologétique Caroline Chopelin-Blanc : Adrien Lamourette et les relations nature et grâce. Christianisation de la nature ou naturalisation du christianisme ? Gabriel-Robert Thibault : Bernardin de Saint-Pierre et la tradition apologétique Didier Masseau : Quelques réflexions sur la crise de l'apologétique à la fin de l'Ancien Régime.